Ne vous est-il jamais arrivé de rester coite devant les questions innocentes de vos progénitures ? Indubitablement, leurs questions ingénues nous ramènent à notre curiosité perdue. Et pourquoi ne pas y remédier en leur apportant des réponses tout en cultivant notre propre curiosité ?
Alors, « D’où vient la chandeleur ? »
Telle est la question d’enfant à élucider.
En voici la réponse…
Autrefois appelée « Chandeleuse », la Chandeleur est une fête religieuse chrétienne qui a des origines païennes. Elle est fêtée chaque 2 février, soit quarante jours après Noël. La Chandeleur constitue la dernière fête du cycle de Noël. Aussi, est-il communément admis selon la tradition chrétienne de ne ranger la crèche de Noël qu’après la célébration de La Chandeleur.
La Chandeleur, fête de la lumière et de la purification
Le nom de la Chandeleur vient du latin festa candelarum, « la fête des chandelles ». Tirant ses origines de fêtes païennes, la Chandeleur marque le retour de la lumière ou du moins l’idée de mettre fin à l’hiver par toute une série de purifications et de cérémonies. Ces cérémonies païennes se déroulaient toutes au mois de février, mois de transition entre l’hiver et l’arrivée du printemps.
Les origines celtes de la Chandeleur
On retrouve ce souhait de purification et de fertilité au sortir de l’hiver chez les Celtes à travers la fête d’Imbolc. Ce rite pratiqué en l’honneur de Brigit, déesse de la fécondité et de l’abondance, se déroulait le 1er février. Ayant l’espoir d’obtenir des récoltes abondantes, les paysans portaient des flambeaux en parcourant les champs. Ils priaient la déesse de purifier la terre avant les semailles.
Les origines romaines de la Chandeleur
Comme les Celtes, les Romains avaient coutume de célébrer Faunus (connu en Grèce sous le nom de Pan), dieu de la fertilité et protecteur des troupeaux, au mois de février. En effet, pour les Romains, le mois de février, « februarius », correspondait au dernier mois de l’année. Du fait du passage entre la fin et le début d’une nouvelle année, les Romains estimaient qu’il y avait des risques de contamination des vivants par contact avec l’Au-delà. En ce sens, une purification était nécessaire ; purification que l’on retrouve à travers la fête des Lupercales qui se déroulait du 13 au 15 février. A l’instar des Celtes, les paysans se promenaient à travers champs, torches en main, afin de les purifier et de s’assurer de bonnes récoltes.
De même, avait lieu, également au mois de février, la festa candelarum, la fête des chandelles. Dans la Rome antique, cette fête populaire avait pour objectif de célébrer le sortir de l’hiver et le retour de jours plus cléments. Les participants à cette fête réalisaient des processions de torches dans les rues romaines. En effet, les torches utilisées lors des Lupercales étaient un hommage à la déesse de l’agriculture, Cérès, partie chercher sa fille Proserpine, enlevée par le roi des Enfers, Pluton à l’aide d’un flambeau. Au bout de neuf jours et neuf nuits de recherche, Cérès retrouve Proserpine et conclut un accord avec Pluton de telle sorte que Proserpine, devenue Reine des Enfers mais aussi déesse du printemps, puisse revenir six mois dans l’année auprès d’elle. Ainsi, les six mois où Proserpine est aux Enfers, Cérès est inconsolable. Son chagrin est tel qu’elle arrêterait de s’occuper des cultures terrestres ce qui provoque la mort des plantes. Cela correspond ainsi à notre automne et à notre hiver. Cérès retrouve la joie les six autres mois symbolisant notre printemps et notre été puisque Proserpine les passe avec sa mère.
Ainsi, le flambeau de Cérès, et par extension la festa candelarum, est la manifestation de la victoire de la lumière sur les ténèbres, des jours qui commencent à s’allonger, au retour de la lumière et des paysans au travail agricole.
Les origines chrétiennes de la Chandeleur
D’un point de vue religieux, la Chandeleur symbolise la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem au cours de laquelle le prophète Syméon a prononcé une courte prière d’action de grâce. Le cantique de Syméon également appelé Nunc dimittis est une prière selon laquelle Syméon reconnaît le Messie en l’Enfant Jésus. Les paroles de Syméon sont ainsi relatées dans l’Évangile selon Luc : « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, salut que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël, ton peuple. » Jésus est ainsi présenté comme le « symbole de la lumière » éclairant le monde par son message universel.
C’est cette acception qui est retenue par le pape Gélase 1er lorsqu’il décide de christianiser la fête des chandelles païenne en 472. Les processions aux chandelles sont maintenues mais symbolisent désormais Jésus, « la lumière du monde ». Traditionnellement, il était coutume de ramener des cierges bénis à l’église dans sa maison. Ce geste permettait ainsi de purifier et protéger le foyer mais aussi de porter chance pour les mois à venir.
La Chandeleur, c’est aussi la Purification de la Vierge Marie, les « relevailles », et ce, en vertu d’une loi juive qui exige la purification des femmes quarante jours après avoir donné naissance.
La Chandeleur ailleurs dans le Monde
El día de la Candelaria au Mexique
Au Mexique, le 2 février, fête de la Chandeleur (La Candelaria), est un jour férié où l’on déguste des tamales à la place de nos traditionnelles crêpes. Les tamales sont des papillotes amérindiennes à base de farine de maïs qui peuvent être sucrées ou salées. Les papillotes sont enveloppées dans des feuilles de maïs ou de bananier. L’origine du nom « tamales » vient de l’ancienne langue aztèque le nahuatl. En effet, le mot tamalli signifie « entouré ».
La Candelaria est liée à l’Épiphanie puisque la coutume veut que la personne qui a eu la fève lors de la galette des rois en janvier paye « la tamaliza » – mot utilisé pour désigner la fête de la Candelaria. Elle doit donc offrir à toute sa famille et à ses amis des tamales accompagnés de chocolat chaud ou d’atole (boisson chaude à base de farine de maïs, d’eau, de lait, de cannelle, de vanille et de sucre).
La Candelaria puise ses origines dans un rite païen puisqu’à l’époque pré-hispanique, le peuple fêtait la saison agricole le 2 février. Cette fête correspondait au premier jour du calendrier aztèque. Devenue une fête religieuse avec les Espagnols, les Mexicains vont à l’église le jour de la Candelaria en apportant avec eux le petit Jésus de la crèche habillé de vêtements élégants ainsi que des cierges. Ils font ainsi bénir par le prêtre le petit Jésus de la crèche et les cierges.
Le Groundhog Day aux États-Unis et au Canada
Le Groundhog Day ou jour de la marmotte est une tradition célébrée aux États-Unis et au Canada le jour de la Chandeleur. Elle consiste à observer l’entrée du terrier d’une marmotte, animal hibernant le plus répandu dans ces contrées. Il est coutume de dire que l’hiver touchera à sa fin et laissera bientôt place au printemps si, lorsqu’elle émerge, la marmotte ne voit pas son ombre car le temps est nuageux. À l’opposé, si elle voit son ombre du fait d’un temps lumineux et clair, effrayée, elle se réfugiera de nouveau dans son terrier. Dans ce cas, il est coutume de penser que l’hiver continuera pendant six semaines supplémentaires.
Cette tradition aux origines européennes est devenue une fête commerciale en Amérique du Nord. On y trouve ainsi la marmotte Willie de Wiarton (Ontario, Canada), la marmotte Sam de Shubenacadie (Nouvelle-Ecosse, Canada), la marmotte Fred de Val-d’Espoir (Québec, Canada). Mais la marmotte la plus célèbre, observée chaque année par des milliers de spectateurs depuis 1887, est Phil, dont le terrier se situe à Punxsutawney en Pennsylvanie.
Le Liichtmëssdag au Luxembourg
Chaque 2 février, les enfants luxembourgeois célèbrent le Liichtmëssdag qui signifie la Chandeleur. Munis de lampions colorés illuminés par une ampoule électrique (les Liichtebengelcher), les enfants vont de porte en porte dans leur quartier chanter une chanson traditionnelle qui commence par « Léiwer Härgottsblieschen… » avec laquelle ils demandent littéralement « du lard et des petits pois ». En échange, ils reçoivent des sucreries et de la monnaie.
Le Liichtmëssdag est indubitablement la journée des enfants mais leur passage avec des lampions sert également à rappeler Jésus, lumière du monde, « qui porte la lumière dans les ténèbres ».
Cette fête aux origines pré-chrétiennes est également associée à Saint Blaise ; le 2 février étant la veille du jour de la Saint Blaise. Ce saint faisant partie des 14 saints auxiliaires « protège non seulement le bétail, mais aide aussi contre les maux de gorge, les ulcères et la peste ».
Pour les petits curieux
Pour tout savoir sur l’origine des crêpes à la chandeleur
À voir et à revoir l’émission « 1 jour, 1 question » pour découvrir pourquoi mange-t-on des crêpes à la chandeleur.
Crédit Photo
Photo de George Becker