Ne vous est-il jamais arrivé de rester coite devant les questions innocentes de vos progénitures ? Indubitablement, leurs questions ingénues nous ramènent à notre curiosité perdue. Et pourquoi ne pas y remédier en leur apportant des réponses tout en cultivant notre propre curiosité ?
Alors, « Pourquoi les liquides de plus de 100 ml sont interdits lors du contrôle de sûreté aéroportuaire ? »
Telle est la question d’enfant à élucider.
En voici la réponse…
Qui veut prendre l’avion est obligé de passer notamment le contrôle de sûreté aéroportuaire. Tel un rituel, les passagers sont invités à présenter leur carte d’embarquement et leurs effets personnels aux agents de sûreté puis à passer le fameux portique de sûreté, redoutant de l’entendre sonner. Il faut donc penser à placer séparément de son bagage cabine ses accessoires (ceinture, manteau, écharpe, …), ses appareils électroniques (ordinateur, téléphone, …), ses objets métalliques (clé, monnaie, …) ainsi que les fameux produits liquides, gels et aérosols de moins de 100 ml dans un seul sac plastique transparent fermé. Et un simple oubli d’une de ces règles vaut un contrôle approfondi du bagage cabine ou une palpation par un agent de sûreté.
Pour éviter ce moment somme toute désagréable, voici une piqure de rappel des gestes à adopter pour un passage serein des contrôles de sûreté :
Une mesure mise en place après un projet d’attentat à Londres
Le 10 août 2006, une tentative d’attentat visant 10 avions de ligne au Royaume-Uni à destination de l’Amérique du Nord a été déjouée par Scotland Yard. Le mode opératoire était inédit : « faire exploser simultanément dix avions de ligne à destination d’aéroports nord-américains, au moyen d’explosifs liquides emmenés en cabine comme bagage à main ».
Or, selon les experts, aucun des contrôles aéroportuaires en vigueur à l’époque n’aurait pu détecter les explosifs liquides si le projet d’attentat avait bien été mis à exécution. Jusqu’alors la sûreté aéroportuaire s’attelait à détecter les armes et explosifs classiques à l’embarquement. Et depuis les attentas du 11 Septembre, les fouilles dans les aéroports ont été renforcées, le blindage des cockpits a été prévu et des agents de sécurité en civil embarquent sur les vols classés à haut risque.
Dans le cadre du projet d’attentat de Londres, les terroristes prévoyaient d’utiliser des explosifs liquides. Ces explosifs sont moins stables que les explosifs solides et plus difficiles à manier.
Aussi, en limitant les produits liquides et assimilés à un contenant de 100 ml et en restreignant la quantité de liquides autorisée en cabine à 1 litre, les autorités aéroportuaires et les compagnies aériennes s’assurent de circonscrire le risque d’un acte de sabotage en vol. En effet, ces matières explosives étant instables, il est fort à parier qu’un terroriste éprouverait de la difficulté à les manipuler une fois en vol en les mélangeant dans un récipient plus grand sans prendre le risque qu’elles lui explosent au visage mais en n’endommageant que peu ou pas l’avion.
Le scanner CT ou la fin de la règle des 100 ml de liquide
Toutefois, si la règle des 100 ml de liquide fait partie des nombreux outils dévolus à la sûreté aéroportuaire pour empêcher que ne soient introduits à bord des avions des passagers ou des bagages présentant un danger pour la sécurité des vols, il n’en demeure pas moins qu’elle est rédhibitoire pour l’expérience des passagers. En effet, l’oubli d’appareils électroniques dans les sacs ou encore la présence de liquides ou crèmes dont le contenant dépasse les 100 ml sont la principale cause de retards aux contrôles de sûreté des aéroports.
Alors, comment fluidifier les zones de contrôle tout en garantissant la détection de menaces potentielles ? Grâce à la technologie de la tomographie assistée par ordinateur (CT), semblable à celle utilisée dans le domaine médical, ces nouveaux scanners offrent une image en trois dimensions et en haute résolution permettant d’avoir une parfaite restitution du contenu d’un bagage, sans que ce dernier ait besoin d’être ouvert. Par ailleurs, ces scanners arrivent à détecter les liquides explosifs. Améliorant la sécurité, il est communément admis que la mise en place de ces scanners au sein des aéroports pourrait les aider à traiter 30 % de passagers en plus par heure.
Certains aéroports européens comme l’aéroport Schiphol d’Amsterdam et l’aéroport international Leonardo-da-Vinci de Rome se sont équipés de ces scanners et ont par voie de conséquence déjà supprimé la règle des 100 ml de liquide.
En Grande-Bretagne, les aéroports internationaux de Londres Gatwick et Heathrow, testent ces scanners depuis quelques années déjà. L’aéroport de Londres City, également équipé de ces scanners CT, autorise depuis mars 2023 les passagers à transporter jusqu’à deux litres de liquide dans leurs bagages de cabine. Le ministère des Transports (DfT) a d’ailleurs déclaré aux principaux aéroports du Royaume-Uni que les anciennes technologies de contrôle devraient être entièrement remplacées d’ici à l’été 2024.
Et en France ? Les scanners CT ont été déployés en octobre 2022 à Orly 3. Ils sont pour l’heure en phase de test avec notamment pour objectif la détection facilitée des explosifs sans avoir à retirer des bagages ni les appareils électroniques, ni les liquides lors du contrôle de sûreté.
Gageons un déploiement progressif des scanners CT au sein des aéroports afin de voir disparaître la règle des 100 ml. Les passagers pourront dès lors transporter jusqu’à deux litres de liquides dans leurs bagages à main, sans restriction de taille. On assistera ainsi à la disparition du non-sens écologique qu’est le petit sac plastique … et cerise sur le gâteau, nous pourrons conserver tablettes et ordinateurs portables dans nos bagages de cabine.
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Image par Joana Chergui de Pixabay